Un petit bout d’Ardèche à vélo

Pendant l’été 2019, M. Cheveux et moi avons fait deux voyages à vélo. Le premier article se trouve ici : de Müllheim à Mâcon en 4 jours. Au retour, nous n’avons fait qu’une journée, mais quelle journée ! Nous sommes montés jusqu’à la Croix de Chaubouret (1205 mètres d’altitude) et avons atteint les 64 km/h.

Parfois les gens écrivent aussi pour se souvenir. Moi, j’utilise des cartes pour me souvenir, quelques photos et c’est tout. Donc voici :
– l’itinéraire [je publie sans pour l’instant, j’espère rajouter la carte un jour]
– les 5 photos :

C’est dingue comme la mémoire peut-être sélective. Sur le moment, en voyant ces paysages magnifiques, en sentant le vent sur mon visage et l’effort dans mes jambes, je me dis que j’aimerais me souvenir de toutes ces sensations, pour toujours. C’était si beau. Et malgré tout, je ne me souviens que du ressenti. Je me souviens avoir vécu ça, sans plus être capable de le sentir dans mon corps. Alors je recrée une approximation que j’espère fidèle, et ces « souvenirs » (ces histoires que je me raconte, basées sur des preuves que j’ai eu la sagesse de garder) me font sourire, comme si j’y étais de nouveau… pour une seconde première fois.

Je me souviens notamment d’une descente assez exaltante, avec une vue magnifique; je pourrais même dire (je pense) où sur la carte ce moment a eu lieu. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est cette pensée : « Il faut que je me souvienne de ça. Il faut que je prenne une photo mentale, magique, avec les sensations en plus, ce vent, ces odeurs, ces couleurs. » Et ce dialogue intérieur est resté ancré en moi, ce qui fait que je crois me souvenir du paysage qui me filait devant les yeux au moment même où j’étais occupé à me dire d’être 100% dans le moment.

Quelques jours, semaines ou mois après ce voyage, j’ai écrit ceci ; une liste de souvenir, de choses à développer :
« – la montée, la comparaison avec les athlètes
– le paysage, comment la mémoire fonctionne
– ce qu’est le bonheur
– la relation à mon corps
– la volonté de partage : d’abord avec Idrissa, qui est là, puis avec mes ami:es proches »
Sauf qu’un an après avoir écrit cette liste et presque deux ans après ce voyage, je ne sais plus trop ce que ces choses signifient. Ça me fait penser à cet épisode de « The Anthropocene Reviewed » de John Green : Notes App (en anglais, s’ouvre dans un nouvel onglet).

Pour la montée, je peux vous dire qu’au niveau de Saint-Julien-Molin-Molette (un nom qui m’a grandement marqué), on a galéré. Idrissa se souviendra/saura trouver les statistiques de notre épopée plus rapidement que moi, mais c’était du ressenti 20%. On a fait une pause où je me suis allongé (erreur), et après un deuxième tronçon pas beaucoup plus long on a dû refaire une pause. Malgré tout, je me sentais vivant. Très vivant. Presque un peu trop vivant ? Est-ce normal d’être si conscient de ses cuisses et des ses propres poumons ?
Après St-J-M-M nous avons atteint un petit plateau, avant de de nouveau devoir grimper. Cette fois je me suis senti comme un cycliste pro. Toute la journée sur la selle, à surmonter des épreuves individuelles encore et encore, plusieurs fois en une journée. L’arrivée à la Croix de Chaubouret a été un tel succès pour moi que j’en ai ressenti une immense fierté qui ne m’a pas quitté pendant des jours.

La redescente après ça a été dingue. Ça filait sur cette route parfaitement asphaltée, les voitures nous donnaient beaucoup d’espace et avec nos nouveaux freins (enfin, fraîchement réparés) bien en main, nous avons atteint les 64 km/h.

Et à deux minutes près nous rations notre train. Typique.

Bien sûr ces tours me manquent, et pendant que M. Cheveux se fait des tours en VTT à travers la Métropole, je m’obstine à ne pas m’occuper de mon cycle et ensuite l’utiliser alors qu’un seul frein sur deux ne marche. Mais j’ai envie de grimper, et ça reviendra !

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